vendredi 30 mars 2012

Ville et commerce, quel rapport

Penser le commerce en ville, un chantier inachevé.



L'objet de cette note est de participer, par addition avec d'autres à la fabrication d'un canevas d'entretien pour réaliser un ouvrage sur la commercialité et la ville.

Public – privé :

Éminemment privé dans son fonctionnement, voire pour ses acteurs indépendantiste et ultra libéral, le commerce est d'intérêt public. En effet, que serait l'espace public sans "l'animation" des commerces, que serait notre vie quotidienne, pourtant le libre échange est désormais unanimement reconnu comme un facteur de la vie économique à encadrer, au mieux, ou à libérer, au plus radical.
A question de la destination des espaces de rez de chaussée, comme les angles de rue, les centres commerciaux de quartier, ne peuvent désintéresser les élus.
Le lien fort entre l'espace public, collectif, et les actions qui conduisent les pratiquants de cet espace à le franchir est indéniable. Et il n'est pas envisageable d'adosser la pratique des espaces publics, qui font société, uniquement sur des activités de service public, au demeurant en régression. L'école, l'hôpital, la mairie, le commissariat, l'hôtel des impôts pour asseoir une place, sans doute mais aussi le bistrot, la boulangerie, l'auto école et le teinturier.

L'action publique est la seule capable de durer dans le temps et de rétablir des équilibres entre territoires et pourtant. Si elle est destinée à servir aux populations, elle aidera en réalité des initiatives privées. Cela pose, semble t'il problème. Les considérables moyens mis en œuvre récemment pour sauver le secteur bancaire, vont ils changer la donne ?

Et pourtant il n'y a pas vraiment de filière de régulation.
Si l'on veut plus une ville passante, qu'une ville "franchisée" il faudra la préserver, la refaire et la soutenir.

La gestion des espaces voués au commerce est un métier :

La gestion des lieux de commerce est finalement peu maitrisée, si l'on excepte le droit de préemption. Majoritairement en propriété individuelle, les pieds d'immeubles qui servent de cadre aux commerces traditionnels, font office de caisse de retraite pour les exploitants qui vendront, le foncier (ou la charge correspondante), la partie immeuble et éventuellement le fond. Finalement une situation identique à celle des agriculteurs, il y a 20 ans. Ce système basé sur la transmission familiale, est il le meilleur dans un monde de mutations permanente ?
Face à lui, des foncières mutualisent les couts et les amortissements, mais privatisent la fonction urbaine, en la séparant du sol, du contexte et des fonctions non marchandes, voire des activités marchandes non commerciales (bureaux, services à la personne) et évidemment de l'habitat.

Faire rentrer ces lieux dans la banalité de gestion immobilière serait pourtant une voie d'échec, la pratique des bailleurs Hlm en est l'illustration, les surfaces de rdc vides, se remplissent bien mieux lorsqu'elles sont gérées par des opérateurs externes ou des filiales spécifiques.

La proximité et l'éloignement : un seul cadre mais des usages différents et des surfaces variées

Il est probablement indispensable de segmenter les activités de commerce, services ou distributions. Les uns nécessitants proximité ou centralisation de l'accès téléphonique, les autres stocks et lieux de vente plus ou moins importants. Il est probablement trop tôt pour traiter des deux, aussi centrerons nous la distribution.

Deux questions se croisent pour imaginer le commerce de distribution de demain : le lieu et la taille.
La stratégie d'entreprise par simultanément diminution des marges et augmentation des chiffres, obligeait à la mise en place de surfaces de plus en plus grandes. Ce faisant, la "grande" distribution migrait en périphérie et se rendait dépendante d'un mode de transport, le véhicule individuel. Accessoirement ce mode de commerce devenait une sorte de loisir par la consommation (la sortie de la semaine à l'hyper) et poussait les ménages à l'accroissement de la consommation individuelle et l'accumulation d'objets.

Parallèlement, mais bien postérieurement, le début de recentrage du budget des ménages vers les services (voyages, dépendances, etc.), l'apparition des principes de "frugalité" encore peu répandus mais "altermondialistes" et bien évidemment, la réduction drastique du pouvoir d'achat d'une partie grandissante de la population poussent à la remise en cause du phénomène zone commerciale + hyper marché.

Deux éléments complémentaires pointent également dans la balance des arbitrages : le cout des carburants, donc des déplacements inhérents liés à l'accès aux "zones" dédiées, renforcer par le cout en temps et la conscience de l'inflation des achats liés à ce mode de consommation. Enfin la capacité d'acheter, au meilleur prix, dans le meilleur confort, certes sans voir réellement mais avec le conseil "avisés" des autres consommateurs (une nouvelle communauté ?) sur internet.

L'urbaniste se réjouira de l'arrêt des zones commerciales dédiées, car elles mettent en place une segmentation de l'espace peu propice à la sureté urbaine, à l'optimisation des sols et surtout cassant des dispositifs qui autrefois faisaient société. L'engagement eco-responsable suivra le même cheminement d'autant plus facilement que ces zones occupent généralement des terres agricoles de valeur et souvent plates et accessibles.

Il y a fort à parier que les deux dispositifs vont coexister et peut être même se combiner. Restent néanmoins quelques obligations essentielles pour accélérer l'alternative, ce qui se justifie par la survie des centres villes, l'optimisation des circulations de personnes et de biens et la mixité des fonctions, sociologiquement facteur de désenclavements. La première condition consiste à situer, rendre possible, optimiser économiquement l'implantation de petites et moyennes surfaces alimentaires et/ou généralistes dans des lieux variés mais visibles et multi accessibles. Le second à trouver des systèmes de portages et de mutations des lieux dédiés de toute taille, afin d'alléger la charge de l'immobilier sur l'activité et de faciliter les évolutions. Enfin, avec le vieillissement de la population mais aussi des choix de vie différents organiser une logistique urbaine de distribution, sous forme de livraisons, de conciergeries de quartier ou d'immeuble en milieu urbain mais aussi de sites multifonctionnels en cadre rural ou périphérique (lotissements). Notons au passage que cela permettrait au service de la poste une reconversion potentielle qui ne saurait être uniquement un apport d'activité mais une mutation radicale de ses activités et la mise en place d'un vrai service public combiné à d'autres activités. Les créations d'emplois seraient sans doute importantes, le bénéfice en transport également. A creuser et expérimenter …….

Il est évident, dans le cadre urbain, que si la métropolisation s'accélère en forme concentrique par gravité naturelle l'hyper centre va voir sa valeur patrimoniale augmenter, sa spécialisation également. La segmentation des lieux de vie des populations aura précédé une vraie division fonctionnelle de l'espace, la commercialité ne fera que renforcer les dispositifs de cantonnements, donc d'exclusion, des territoires. La situation n'aura ainsi quasiment pas changé dans son principe et ses effets.
C'est donc simultanément un développement urbain resserré et en pétales, qu'il faut promouvoir. Ce développement polycentrique, seul permettra la fabrication ou le maintien des entités de centralités de proximité et à l'échelle du mode de déplacement naturel de la population (la marche). La question de la polycentralité reste celle des multiplications. En clair, s'il y a 40 centres secondaires à une agglomération, il n'y en aura aucun. S'il y en a trois, ils vivront et pourraient se décliner en pole tertiaires, d'hyper proximité. Cela doit être débattu et clairement acté, rendu public et durable, afin que les acteurs puissent, avec les bons outils (cf plus haut) s'engager et investir leur travail.


A suivre …..




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