vendredi 29 avril 2011

Les HLM vus par les Français : vers la fin des stéréotypes ?

Un article du Moniteur

Les HLM vus par les Français : vers la fin des stéréotypes ?

Laurence Francqueville | 28/04/2011 | 18:20 | Logement

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© Phovoir-images
Façade de HLM
Contrairement aux idées reçues, le premier sondage d'opinion lancé par le mouvement HLM montre que la majorité des Français ont une bonne image des HLM. Et ont une vision assez claire et ambitieuse des missions des Offices, gestionnaires mais aussi bâtisseurs.

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58% des Français ont une "bonne image" des HLM, qui totalisent 4,2 millions de logements et abritent plus de 10 millions de Français. Ce chiffre atteint même 75% chez les personnes qui y habitent. C'est ce qui ressort du premier baromètre d'image (*) publié le 28 avril par l'Union sociale pour l'habitat (USH), qui regroupe l'ensemble des organismes HLM. Mais paradoxalement, l'image globalement perçue par les Français reste négative puisque 74% des personnes interrogées estiment que leurs compatriotes ont une mauvaise image des HLM.
Principal motif de satisfaction pour Thierry Repentin, président de l'USH et sénateur (PS), la reconnaissance du rapport qualité/prix des HLM, opinion qu'il estime tout à fait justifiée: « 30% des logements sociaux ont été construits après 1986, leur taille moyenne est de 69% (contre 66 m² dans le privé) et la quittance mensuelle moyenne est de 500 euros (soit deux fois moins que dans le parc privé dans les grandes agglomérations)». 74% des Français jugent ainsi que les HLM sont des lieux de vie comme les autres et 59% désapprouvent l'affirmation selon laquelle les HLM seraient des « ghettos ».
Le président se dit toutefois déçu de la perception globale qu'ont les Français de la qualité des logements HLM (consommation d'énergie, propreté, sécurité, ...) même si 72% d'entre eux considèrent qu'ils ont beaucoup progressé sur le plan architectural. M. Repentin rappelle ainsi que «la taille moyenne d'une opération est de 20 logements et que l'habitat individuel en ville ou en lotissement représente près de 30% de la production neuve. Que les logements sociaux affichent une consommation énergétique inférieure de 30% à celle du secteur résidentiel, que la consommation d'eau y est de 100/l/jour/habitant (contre 150 au niveau national), que la collecte sélective des déchets est en place dans 70% du parc (contre moins de 50% dans le privé) et que le parc HLM respecte mieux que le privé les réglementations de mise en sécurité, par exemple pour les ascenseurs (98% contre 94%) ».
« Je me réjouis de ces résultats. Ils montrent que les Français, loin des clichés souvent martelés sur les HLM, nourrissent une vision et des projets pour le logement social qui doivent pousser tous les acteurs à évoluer », affirme Thierry Repentin, qui prend note que les Français privilégient quatre priorités d'action pour le mouvement HLM : la réduction de la consommation énergétique, la construction de davantage de logements sociaux pour répondre à la demande, la rénovation des logements existants et la clarification des conditions d'attribution des logements. « Construire plus, construire mieux, demeure notre objectif prioritaire. Nous nous mobilisons sans relâche, dans un contexte de réduction drastique des crédits, pour contribuer à résorber la pénurie de logements. On ne peut rester sourd à l'appel de 80% de nos concitoyens qui estiment qu'il n'y a pas assez de logements sociaux en France », affirme M. Repentin.
Laurence Francqueville | Source LE MONITEUR HEBDO
(*)Sondage réalisé du 5 au 14 avril par TNS Sofres auprès d'un échantillon national de 1 000 personnes, représentatif de l'ensemble de la population française âgée de 18 ans et plus (comprenant un peu moins de 200 locataires HLM), auquel a été ajouté un suréchantillon de 200 locataires HLM.

mardi 26 avril 2011

Nombre de métropoles de province ont compris quel appui peut représenter l'architecture pour leur image

Les architectes livrent bataille à Paris


LEMONDE | 23.04.11 | 14h58  •  Mis à jour le 24.04.11 | 19h47

Pour vivre heureux vivons cachés", sont conduits à se dire nombre d'architectes coincés entre un resserrement général des budgets et une avalanche de règlements aux conséquences inflationnistes. A l'occasion du dernier Marché international des professionnels de l'immobilier (MIPIM), qui se tenait au mois de mars à Cannes, le magazine d'architecture D'A résumait efficacement la situation : "S'il faut se réjouir de la participation croissante des architectes, le rôle se cantonne trop souvent à celui de faire-valoir." Bon nombre de métropoles de province ont compris quel appui peut représenter l'architecture pour leur image.
La situation parisienne et de plusieurs des villes de la première couronne - surtout à l'Ouest - reste à cet égard une étrangeté. Paris apparaît comme un microcosme où les tensions entre partisans d'une architecture audacieuse et défenseurs d'un patrimoine rêvé comme immuable peuvent devenir paroxystiques. L'innocente arrivée presque au chevet de Notre-Dame d'une soucoupe volante signée Zaha Hadid, qui servira d'extension à l'Institut du monde arabe (IMA), conduit à s'interroger sur les critères d'acceptabilité ou de refus des bâtiments contemporains.
C'est dans l'Est parisien que l'architecture contemporaine tend à s'ancrer le plus facilement. Facilité toute relative. Un petit tour dans le Marais et, au-delà, dans les 11e et 12e arrondissements de la capitale fait découvrir un drôle de monde, terriblement contraint par des limites de hauteur, des gabarits imposés, des parcelles quasi immuables depuis la nuit des temps, voire intouchables lorsqu'il s'agit des tracés dits "haussmanniens", hérités de la deuxième moitié du XIXe siècle.
On ne remarque presque plus l'inénarrable Opéra Bastille qui, en 1989, a propulsé son architecte, Carlos Ott, sur la scène internationale. Lourd et stupide rhinocéros, il poursuit sans urbanité sa sieste tranquille près du bassin de l'Arsenal. Mais, dans le même quartier, deux bâtiments de taille singulièrement modeste ont réveillé les passions. Le premier, dû à Thomas Corbasson et Karin Chartier, 74, rue Saint-Antoine, se présente comme une grande grille métallique qui, en lieu et place d'un minuscule "trou" urbain, cache onze appartements et une poissonnerie. Pas mal d'agilité, pas vraiment de génie ni de scandale. Pourtant les blogs se sont mis à crépiter, les uns criant au viol patrimonial, les autres s'extasiant sur un exploit qui paraîtrait banal à Berlin, Madrid ou Londres.
Le second côtoie immédiatement le pachyderme de la Bastille. La parcelle n'était pas plus grande ni plus confortable, et plus exposée encore au jugement populaire. A l'angle de la rue de Lyon et du boulevard de la Bastille, Jean Bocabeille et Ignacio Prego ont juste imaginé un petit flagship, modeste vaisseau coloré, dont le premier atout est de réparer une des cicatrices laissées par l'opération Opéra. Même bruit sur les blogs.
On ne les entend en revanche pas 91, rue de La Fontaine-au-Roi, où Brigitte Metra, une championne venue de chez Jean Nouvel, a livré soixante-deux logements étudiants, carrossés de volets rouges pétants, bien alignés sur la rue, en hauteur comme en longueur. Passé par la même école, Laurent Niget s'est installé en face, au 88. Pour faire exister quarante-six logements de même standing, il a donné un charmant caractère gothique (et rouge vif lui aussi) à un immeuble légèrement bedonnant. Le quartier, qui n'est donc pas tout à fait vitrifié, livre d'autres surprises, calmes et classiques, ou agressives à souhait, dans la lignée des logements construits par la RIVP sous la houlette de Michel Lombardini, ou, dans le même esprit d'ouverture, par La Poste.
Au tournant des années 1990, ces maîtres d'ouvrage ont contribué à faire émerger une génération douée à l'architecture éclectique. Emprisonné dans les règlements et contraintes, l'éclectisme est resté la loi, juxtaposant sobriété, exubérance, provocation, modestie forcée, jusqu'à rendre illisible les enjeux actuels de l'architecture.
Du coup, les attaques deviennent faciles dans les quartiers plus fermés. Alors que Zaha Hadid arrivait, une partie des habitants de l'Ouest parisien tentait de bloquer la construction par Frank Ghery de la Fondation Louis Vuitton sur une parcelle du bois de Boulogne. Même sanction pour le projet du stade Jean-Bouin, à une portée de canon du Jardin d'acclimatation, signé par un des plus brillants architectes français, Rudy Ricciotti, ou pour le projet d'extension de Roland-Garros de Marc Mimram.
Dans cet Ouest lointain, l'architecture apparaît en déroute. La nouvelle comme la moins neuve. De lourdes menaces pèsent sur un des rares édifices survivants du trapèze des usines Renault à Boulogne : le 57 Métal, construit en 1984 par Claude Vasconi (1940-2009), vitrine du groupe remise au goût du jour par l'universel Jean-Michel Wilmotte. Un sort comparable attendrait l'Ecole d'architecture de Nanterre construite en 1972 par Jacques Kalisz (1926-2002). Pour sauver ces deux bâtiments, les pétitions vont bon train mais les associations qui les défendent, réunissant davantage d'architectes que d'électeurs, risquent de ne pas peser le même poids dans le coeur des édiles.
Frédéric Edelmann Article paru dans l'édition du 24.04.11