vendredi 30 décembre 2011

mardi 27 décembre 2011

Immobilier 2012 : aux abris

Bonne nouvelle les médiocres produits à vocation fiscale et à faible qualité d'habitat vont reculer.
Mauvaise nouvelle la crise et le manque vont s'aggraver.

Propos de Michel Mouillart pour le Monde


Logements neufs : un bon cru 2011 mais l'avenir s'annonce sombre
LEMONDE.FR | 27.12.11 | 17h53

Dans le quartier Beaulieu, à Caen. Le marché du logement neuf a connu une embellie en 2011, porté par les aides de l'Etat.AFP

Un bon cru avant le retour de la tempête. Voilà ce qu'a été 2011 pour le secteur immobilier du neuf en France. Grâce à plusieurs mécanismes incitatifs, le nombre de mises en chantier de logements neufs, entre décembre 2010 et novembre 2011, a augmenté de 20,6 %, avec 364 732 logements commencés, selon les chiffres publiés mardi par le ministère du logement. Autre belle performance dans un secteur laminé par la crise en 2008, le nombre de permis de construire pour ces mêmes logements a augmenté de 28,8 % sur la même période.
Mais cette amélioration ne devrait pas durer au cours des deux prochaines années. Selon Michel Mouillart, professeur d'économie à l'Université Paris-Ouest, interrogé par l'AFP, "le nombre de mises en chantier devrait se situer entre 365 000 et 370 000 en 2011, contre 309 744 en 2010, mais devrait chuter à 335 000 en 2012 et 320 000 en 2013". "Cela n'aura pas l'ampleur de la contraction de la crise de 2008 mais cela sera une sévère rechute", loin de la très bonne année 2007 (415 000), la dernière avant la récession, analyse le spécialiste du secteur.

DISPARITION D'AVANTAGES FISCAUX

Ce cru exceptionnel en période de sécheresse du crédit est en grande partie dû à la loi Scellier, qui arrose depuis 2009 les contribuables investissant dans des logements neufs destinés à la location, pendant une durée minimale de neuf ans, d'une réduction d'impôt pouvant aller jusqu'à 32 %. Par exemple, pour un investissement de 100 000 euros en 2011, un acheteur bénéficiait au minimum d'une déduction fiscale de 2 444 euros par an pendant neuf ans. Pas étonnant donc que ces logements aient représenté les deux tiers des 115 000 logements vendus par les promoteurs en 2010.

Cependant, rigueur budgétaire oblige, ce cadeau fiscal va être beaucoup moins intéressant à l'avenir, tombant à 13 % en 2012 pour le logement classique (contre 22 % en 2011) et à 21 % pour le Scellier dit "social", c'est-à-dire quand les propriétaires louent moins cher que le prix du marché (contre 32 %), avant de complètement disparaître en 2013. Ce n'est pas tout. Les organisations professionnelles de l'immobilier redoutent les autres mesures de rigueur annoncées : la fiscalisation des plus-values immobilières, la forte réduction du volume de crédit pour le prêt à taux zéro, qui passera d'un portefeuille de 2,6 milliards d'euros en 2011 à 800 millions en 2011, et la hausse de la TVA sur les travaux et sur l'accession sociale à la propriété de 5,5 % à 7 %.

Des mesures qui, mécaniquement, devraient faire baisser la demande, côté acheteurs. Et alimenter la hausse, côté prix. C'est d'ailleurs là où le gouvernement s'est abstenu : il continue sa réduction d'impôts Scellier pour les propriétaires qui s'engagent à louer moins cher (la hausse de leur ristourne se limitant simplement à 8 % au lieu des 10 % prévus). Pour les organisations professionnelles, citées par l'AFP, "les conséquences désastreuses des mesures" du gouvernement vont toucher "au minimum 35 000 postes qui seront supprimés au cours de la seule année 2012". Sans compter l'effet drastique du resserrement de crédit par les banques françaises. "Dans le secteur du crédit pour le neuf, la situation au quatrième trimestre a été très mauvaise car les banques, à cause de la crise de la dette, sont obligées de réduire le volume des crédits accordés", souligne Michel Mouillart.

Le Monde.fr