dimanche 6 juin 2010

Etalement urbain


L’état de l’environnement en France reste préoccupant

Un article du monde dont les conclusions rapportent bien la responsabilité des politiques urbaines.

L‘état de l’environnement s’améliore en France sur certains points, mais le bilan global reste préoccupant. L’édition 2010 du rapport élaboré tous les quatre ans par les statisticiens du ministère de l’écologie, mise en ligne vendredi 4 juin, ne fait que 130 pages (contre 500). Elle fourmille de données, et dresse le panorama le plus complet et le plus à jour de l’état des milieux naturels et des sources de pollution.
Certaines évolutions sont positives. La qualité de l’air dans les villes s’améliore globalement, principalement grâce aux progrès technologiques des véhicules. Les émissions de gaz à effet de serre sont également en baisse, même si le secteur des transports, principal émetteur, reste en croissance (+19 % depuis 1990). L’effet du bonus-malus sur la baisse des émissions des véhicules neufs est sensible, mais il faudra plusieurs années pour que le parc entier soit renouvelé. Et le transport routier continue de croître. En outre, les importations françaises généreraient l’émission de 465 millions de tonnes équivalent CO2 par an, contre 265 millions pour les exportations. Le solde d’environ 200 millions augmente de près de 38 % les émissions intérieures.
Autre tendance assez favorable, la stabilisation des taux de nitrates dans les eaux superficielles. “Les engrais sont toujours apportés en excès, mais cet excès diminue”, observe Robin Degron, co-rédacteur du rapport. En revanche la contamination par les pesticides se poursuit, certaines nouvelles molécules (glyphosate) remplaçant des substances interdites (atrazine).
La stabilité et la relative modestie de la consommation de matières premières par habitant, autour de 14 tonnes par an, sont un autre point positif. Mais il doit aussi être relativisé : les statisticiens évaluent à 27 tonnes par Français et par an les matières premières consommées ailleurs dans le monde, par le biais d’importations. La production d’énergie renouvelable augmente, même si elle est très variable d’une région à l’autre.
Côté négatif, des tendances préoccupantes perdurent. La pollution des sols (plomb, cuivre) et celle des eaux souterraines (nitrates, pesticides) s’aggravent. La biodiversité est en crise, malgré l’accroissement des surfaces protégées par des réserves ou des zones Natura 2 000. Les populations d’oiseaux ont ainsi chuté de 20 % en vingt ans dans les milieux agricoles, et de 10 % dans les milieux forestiers.
ETALEMENT URBAIN
L’une des principales causes de cette dégradation est l’extension continue du tissu urbain et des infrastructures. L’étalement urbain mal maîtrisé est particulièrement problématique dans les zones à risque, comme le littoral, ou les zones inondables (+8 % de logements de 1999 à 2006).
Alors que l’industrie a beaucoup réduit son impact sur l’environnement, sous la pression des pouvoirs publics, et que l’agriculture commence à faire de même, la consommation des ménages pèse davantage. Les pratiques - recours majoritaires à la voiture, demande de biens livrés rapidement (donc par la route), aspiration à la maison individuelle, multiplication des voyages - sont “en décalage” avec le souci de protection de l’environnement exprimé. Les séjours à l’étranger ont augmenté de 25 % entre 2000 et 2007, avec une forte croissance des courtes durées.
Or la fiscalité écologique, instrument d’orientation de la consommation, reste modérée. Les recettes fiscales environnementales se sont élevées à 41,4 milliards d’euros en 2007, soit 2,2 % du PIB, et 4,9 % des prélèvements obligatoires. La France se situe légèrement en retrait de la moyenne européenne, et loin derrière le Danemark ou les Pays-Bas.
L’abandon de la taxe carbone ne permettra pas d’infléchir la tendance à court terme. Quant aux autres mesures du Grenelle de l’environnement, leur impact n’est pas encore mesurable, la plupart des séries statistiques exploitées s’arrêtant en 2008. “Ce document fait à l’aube de la mise en oeuvre du Grenelle servira de point de référence pour les évaluations à venir”, estime M. Degron.


Sur le Web Le rapport : www.statistiques.developpement-durable.gouv.fr/
Gaëlle Dupont

FRARU de Metz

Intervention et présentation en table ronde finale. Les images sont ici