dimanche 18 mars 2012

Propositions pour les banlieues


L'association d'élus Ville et banlieue rend publiques ses propositions


Le Monde.fr | 

Les banlieues seraient-elles les grandes oubliés de la campagne présidentielle - ici, un quartier proche de Marseille, le 12 janvier 2012 ?

Voilà enfin du grain à moudre sur les banlieues. Alors que le sujet est désespérément absent des radars politiques depuis le début de la campagne présidentielle, l'association d'élus Ville et banlieue rend publiques, jeudi 8 mars, 120 propositions en faveur des quartiers difficiles, dévoilées par Le Monde.
L'initiative vise avant tout à remettre le sujet au cœur des débats, alors qu'il n'est abordé que du bout des lèvres par les candidats. "L'état des banlieues est pourtant un bon indicateur de ce que pourrait être le reste des quartiers dans dix ans si l'on ne fait rien", prédit Renaud Gauquelin, président de Ville et banlieue et maire (PS) de Rillieux-la-Pape (Rhône).
RENFORCER LES MOYENS DES ZEP
Les propositions s'articulent pour l'essentiel autour des questions d'éducation, de santé, de logement et d'emploi. L'association propose de mettre l'accent dès les premières années sur "l'apprentissage renforcé de la langue et de l'expression française à l'école primaire". Une idée qui va dans le sens de toutes les études sur la question, considérant qu'une formation initiale renforcée coûte moins cher, in fine, qu'un important effort de rattrapage. En parallèle, les enfants pourraientrecevoir des cours de civilisation et de langue et étudier une seconde langue qui serait celle du pays d'origine de leurs parents.
Ville et banlieue suggère de renforcer très significativement les moyens à destination des zones d'éducation prioritaire (ZEP). L'association demande "100 % de moyens supplémentaires par élève en ZEP alors que celles-ci ne bénéficient aujourd'hui que de 7 % de moyens en plus". Si le coût moyen d'un élève n'est pas connu, on sait en revanche que l'essentiel de cette dépense est affecté aux salaires des enseignants. Ceux travaillant en ZEP sont souvent plus jeunes et par conséquent moins payés, rendant relatifs les efforts financiers.
LUTTE CONTRE LES DÉSERTS MÉDICAUX
En matière de santé, l'association propose un "numerus clausus différencié" qui lierait les médecins aux territoires les plus délaissés. L'idée rejoint une proposition faite par François Bayrou de "flécher" l'affectation des praticiens. Ville et banlieue suggère également de financer les études des futurs médecins en échange d'une installation de cinq à dix ans dans les déserts médicaux. Une proposition qui a déjà été mise en œuvre dans les zones rurales. Des départements comme l'Indre ou la Vienne y ont déjà recours.
Les élus de banlieue avancent par ailleurs l'idée d'une amende massue pour les "maires hors la loi" qui refusent les 20 % de logements sociaux imposés par la loi relative à la solidarité et au renouvellement urbain (SRU). Il leur faudrait verser une pénalité équivalente au coût de production d'un logement. Cette amende serait reversée aux maires respectant le seuil des 20 %.
EMPLOIS FRANCS
En matière d'emploi, Ville et banlieue propose la création d'emplois francs en plus des zones franches urbaines (ZFU) existantes. Ces emplois permettraient aux jeunes des banlieues d'être embauchés en dehors de leur quartier, attachant"l'exonération [fiscale] au demandeur d'emploi" et non à la cité. Si les ZFU n'ont pas suffi à faire venir de nouveaux emplois, elles ont permis en revanche le maintien de certains commerces. Leur cumul avec les emplois francs risque depeser sur le budget de l'Etat. Cet automne, le ministère du budget avait été réticent à la prolongation de deux ans des ZFU.
Une proposition originale, enfin : celle d'organiser un grand débat national sur la relation entre les médias et la banlieues. "La réalité de la violence ne saurait être la seule réalité de ces quartiers", juge Ville et banlieue.

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