lundi 7 février 2011

la recherche de "dents creuses" et de mètres carrés "aériens"

Les idées iconoclastes de M. Le Guen pour le logement à Paris
LEMONDE | 05.02.11 | 14h26  •  Mis à jour le 05.02.11 | 14h20

 
A Paris, la crise du logement prend un tour dramatique : les loyers ont doublé en dix ans et le prix moyen du mètre carré frôle les 8 000 euros. Confrontés aux difficultés croissantes des Parisiens à habiter la capitale, la Mairie et l'Etat se renvoient la balle. Le sujet devient un enjeu de la bataille interne au PS en vue de la succession de Bertrand Delanoë aux municipales.
Jean-Marie Le Guen, député (PS) du 13e arrondissement, est passé à l'offensive. Dans une lettre de 13 pages, qu'il s'apprête à adresser aux élus et militants de gauche, que Le Monde s'est procurée, l'élu strauss-kahnien - qui n'écarte pas l'idée de se présenter à la Mairie en 2014 - estime "nécessaire de renouveler notre diagnostic" et de dépasser "les anciennes recettes".
Vice-président chargé de la santé dans l'exécutif municipal, M. Le Guen salue l'effort de M. Delanoë qui s'est engagé, en 2008, à financer 6 000 logements sociaux par an. Mais il considère que "cette crise n'est pas seulement celle du logement social. (...) La solution passe par une offre globale", qui permette aux classes moyennes de "rester et même de revenir à Paris" : sur ce point, M. Le Guen enfourche une thématique qui n'est pas éloignée de celle de l'UMP parisienne.
Selon lui, la Ville ne se donne pas assez pour "priorité" "la construction de logements et notamment à l'ouest". Chaque année, "2 000 à 3 000 logements neufs sont construits contre 4 000 à 5 000 dans la décennie 1990", rappelle M. Le Guen.
Certes, M. Delanoë interpelle régulièrement l'Etat, en vain, pour qu'il vende à la Ville ses terrains désaffectés ou en friche. Ces emprises publiques représentent un potentiel de 6 200 logements. Mais d'autres gisements fonciers existent, assure M. Le Guen.
Le 16e arrondissement ne compte que 19 000 habitants au km2 contre 41 000 dans le 11e. Il est possible, plaide M. Le Guen, de densifier les beaux quartiers. Il cite pour "exemple" l'avenue Foch. Artère la plus large de Paris, de l'arc de Triomphe au bois de Boulogne, elle est flanquée de deux immenses terre-pleins qui séparent la chaussée les immeubles cossus et les hôtels particuliers qui la bordent. De chaque côté de l'avenue, pourraient être construits deux bâtiments de six étages, soit 2 000 logements. Ils s'ajouteraient aux quelque 17 000 logements que la Ville a programmés d'ici à 2020, principalement sur les pourtours de Paris (ZAC Paris-Rive gauche, Batignolles...)
"Dents creuses"
Pour M. Le Guen, la Mairie ne se montre pas assez entreprenante dans la recherche de "dents creuses" et de mètres carrés "aériens". Il suggère ainsi de surélever d'un étage certains immeubles anciens. Selon une étude de l'urbaniste Michel Cantal-Dupart, cette solution appliquée dans 12 arrondissements de Paris - du 9e au 20e - dégagerait 466 000 m2. Ce qui suppose, indique M. Le Guen, que la Mairie incite fiscalement les copropriétés à rehausser leur toit.
M. Le Guen défend une autre idée iconoclaste au PS : encourager les propriétaires de bureaux à quitter la capitale pour s'installer à la périphérie. Selon lui, la compétition entre Paris et ses voisins pour garder sièges sociaux et entreprises n'a plus lieu d'être dans le cadre du Grand Paris et depuis la suppression de la taxe professionnelle.
Paris compte "3 millions d'emplois pour deux millions d'habitants". Cela crée un "déséquilibre avec le reste de l'agglomération", plaide-t-il. Si 32 % des Parisiens travaillent à l'extérieur de Paris, plus de la moitié des personnes qui ont un emploi dans la capitale n'y habitent pas. Déplacer les bureaux à l'est, au-delà du périphérique, réduirait les trajets Paris-banlieue et permettrait de mieux loger les Parisiens. Dans le 2e, 6e, 7e, 9e, il est possible de "doubler voire tripler le nombre de logements en incitant tous les cabinets d'avocats ou de finance ou de gestion" à quitter les quartiers centraux.
M. Delanoë, de son côté, se dit fier de "l'attractivité" de la capitale qui compte "16 millions de m2" de bureaux. Il s'engage à en "produire" 2 millions supplémentaires d'ici à 2020.
Béatrice Jérôme Article paru dans l'édition du 06.02.11

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